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Michelin 2017 : insipide, édulcoré, irrespectueux !

Michelin 2017 : insipide, édulcoré, irrespectueux !

Aucune pluie d’étoiles cette année au Michelin Belgique-Luxembourg présenté ce lundi à la presse. Aucune surprise non plus et encore moins de grandes révélations. Que du contraire : des promesses, de la poudre aux yeux et du déséquilibre Flandre/Wallonie à tout-va ! Triste et pauvre !

Autant, cette année comme les précédentes, nous restons fan du Guide « Bib Gourmand » avec ses jolies petites tables remarquées par Michelin pour leur très bon rapport qualité-prix ; autant, cette fois, le paternel du petit Bib nous a attristés par son manque de découvertes, de révélations ou encore de mises en exergue de jeunes chefs œuvrant avec brio aux quatre coins de la Wallonie.

Mise à l’honneur d’une génération … vraiment ?

Et pourtant d’emblée Michelin annonce « Cette nouvelle sélection met à l’honneur le talent d’une génération de jeunes chefs qui porte le dynamisme de la gastronomie locale ». Une génération ? Est-ce à dire seulement 3 jeunes chefs en … Flandre ?

Ceci ne nous empêchant cependant pas de saluer, effectivement, le talent de ces 3 jeunes décrochant une étoile et n’étant autres que : Maarten Bouckaert du Restaurant Castor (Beveren-Leie), Thijs Vervloet du Restaurant Colette (Westerlo) et Bastien Ververken du Restaurant Vol-Ver (Marke).

Mais pour en revenir à nos jeunes chefs wallons, n’oublions pas que plus personne n’ignore aujourd’hui que la partie francophone du pays regorge de vrais talents, eux aussi formés à de grandes enseignes ou même, parfois, quasi autodidacte mais avec autant de capacités et de bon sens, de respect de leur terroir local comme du renouveau de leurs traditions culinaires régionales.

Pourquoi les snober ou pire, les ignorer ?

Ainsi, en tout et pour tout, sur l’ensemble de la Wallonie, un seul chef se voit octroyer le célèbre astre. Et encore, ce n’est pas d’un mais bien d’une chef qu’il s’agit : Ricarda Grommes du Restaurant Quadras. Installée dans les cantons rédimés, à Saint Vith (Sankt-Vith indique le Michelin dans le communiqué de presse !). On se croirait dans un remake de l’édition précédente : une fois encore une étoile inattendue est décernée à une jeune maison de la région alors que d’autres (pour finir, de moins en moins jeunes) devraient avoir été remarqués depuis bien longtemps déjà.

Les jeunes talents wallons ne se sont-ils pas suffisamment rôdés au piano des grands noms de notre gastronomie … flamande ?! Tout porte à le croire tant l’affront est de taille. Car oui, c’est bien d’un affront qu’il s’agit, d’une ignorance crasse quand on détient la réputation que Michelin détient depuis plus d’un siècle comme s’est plu à le rappeler Michael Ellis, directeur international des Guides Michelin.

Que se passe-t-il ? La Wallonie est-elle boudée, trop peu visitée, trop éloignée de la Flandre où, dit-on sont localisés la plupart des inspecteurs ? Manque de personnel qualifié côté inspecteurs ou trop de désertions dans leurs rangs ? Ce qui serait presque une excuse acceptable si Michelin n’avait pas l’arrogance de faire comme si de rien n’était ; comme si la faute en revenait aux chefs qui ne seraient pas dignes de l’attention du grand maître !

Une pluie d’étoiles remplacée par une volée de bémols

Quoi qu’il en soit, faisons notre deuil de cette moisson pressentie ou espérée de nouveaux étoilés étiquetés « jeune génération » et de cette mise en exergue d’un seul jeune talent féminin ! Et même oublions que le Michelin 2017 se voit déplumé de cinquante pages ou encore cessons de nous questionner sur la perte de l’étoile du – toujours à nos sens – délicieux « Passage » de Rocky Renaud à Bruxelles (Uccle). Une autre injustice comme celle qu’avait vécue Eric Martin et sa toujours belle Maison Lemonnier à Lavaux-Sainte-Anne.

Et l’on pourrait continuer encore et encore en invoquant ici le manque de 3e étoile pour Christophe Hardiquest (Bon-Bon) ; quelle absence de perspicacité ! C’était tellement évident ! Surtout à quelques jours de ce grand événement qu’a été The Gelinas, moment unique dans la carrière de ce chef – seul sélectionné en Belgique – et où le monde entier à porté un regard attentif et si empathique à sa très grande maison de bouche !

Nous en serions honteux pour le Michelin si nous n’étions pas … belges et donc … fatalistes et prêt à digérer les situations les plus surréalistes qui soient !

Enfin, parlant fatalisme, arrêtons encore de déplorer qu’aucune enseigne étoilée belge ne décroche un second macaron. Et pourtant, là aussi et notamment en Wallonie, plusieurs maisons en seraient largement dignes ! Soit.

Positivons et réjouissons-nous donc pour :

Ilario Mosconi, notre chef du mois de septembre dernier (également membre du Jury « Young Chef S.Pellegrino Benelux »). Mosconi, installé dans le quartier historique de Luxembourg-ville dans une belle maison à la décoration épurée, récupère sa seconde étoile (perdue en 2013). Une injustice légitimement réparée et dont on se réjouit largement tout autant que de l’excellent repas fait là en août dernier !

Eddy Münster, qui décroche sa toute première étoile (alors qu’il avait, il y a longtemps, tenu un très bon restaurant à Ixelles (Le Petit Sauvage). Ce très humble chef-propriétaire de la cave à vin jettoise Wine in the City qui, heureuse coïncidence, vient d’ouvrir – il y a tout juste 5 jours – une nouvelle brasserie qualitative à Wemmel, le Fuel !

Karen Torosyan, chef du piano de La Bozar Brasserie à Bruxelles. Seconde enseigne du chef-propriétaire de la Brasserie de La Paix (Anderlecht) David Martin qui, étonnement, ne décroche pas non plus une deuxième étoile, elle aussi pourtant bien légitime !

Mathieu Jacri de la Villa Emily mais dont le nom n’est même pas indiqué dans le communiqué de presse ! Cette enseigne appartenant à Serge Litvine (La Villa Lorraine, La Villa in the Sky) on aurait tendance à s’étonner et à ainsi apporter de l’eau au moulin de certains ou, pire, à penser qu’en la matière : les dés sont jetés ! A tout le moins si nous ne nous étions jamais attablés en ce joli lieu. Cela n’étant pas le cas, force est de constater qu’à la Villa Emily on mange effectivement très bien et l’on se trouve dans l’un des restaurants au cadre les plus séduisants de la Capitale !

Voir aussi

Reste que, tout aussi curieusement, dans la liste des nouveaux étoilés apparaissent deux restaurants qui, s’ils ne sont pas nouvellement étoilés, n’en sont pas moins des valeurs sûres et donc ici confirmées, même après leur déménagement, à savoir : La Villa des Bégards (Embourg) et L’Impératif (Roucourt).

Enfin, côté Flandre, deux nouveaux étoilés apparaissent encore avec Bart Tastenhoye au Kelderman (Alost) et ‘tKorennaer à Niewuwkerken-Waas où officie Edwin Van Goethe.

Au final et malgré ces multiples bémols, les personnalités retenues par Michelin sont, certes parfois surprenantes, néanmoins toutes aussi qualitatives les unes que les autres.

En conclusion, nous reviendrons sur nos chefs préférés (et bien connus) prochainement sans pour autant oublier d’indiquer que cette année, Michelin Belgique-Luxembourg, c’est aussi, en chiffres : une 61e édition, 1.453 adresses (dont 337 hôtels et 88 maisons d’hôtes) pour 1.116 restaurants dont 143 étoilés (2 restaurants *** (Hertog Jan & Hof Van Cleve), 21 restaurants deux étoiles (dont la nouvelle adresse de Mosconi), 120 restaurants une étoile.

Le Michelin Belgique-Luxembourg 2017 sera en vente den librairie dès ce 24 novembre et ce au prix de 21,95 € en Belgique et de 21,33 € au Grand-Duché de Luxembourg.

 

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