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« Chef » de Gauthier Batistella

« Chef » de Gauthier Batistella

A l’instar de quelques films à voir absolument au cinéma actuellement, dont les excellents « The Menu » avec les impressionnants Ralph Fiennes et Anya Taylor-Joyet (« Le jeu de la dame ») ou encore le non moins singulier (mais néanmoins criant de vérité) « The Chef », ce roman lève un coin du voile sur les coulisses de la haute gastronomie.

« Chef » du français Gauthier Battistella est un roman évoquant la complicité des brigades de cuisine, la conscience des valeurs d’un métier d’artisan et de passion. Mais aussi, en revers de médaille, « Chef » est également un thriller abordant ce monde implacable dans lequel s’immiscent parfois, et même souvent, drogue, violence et alcool. Une sorte de grande fresque de la gastronomie contemporaine, vue côté coulisses, par un journaliste gastronomique, ancien inspecteur d’un célèbre petit guide rouge. A lire, bien au chaud au coin du feu ou à mettre sous le sapin de ceux qui préfèrent rester chez eux durant les prochaines vacances d’hiver et faire voyager leurs neurones et leur curiosité.

Extrait

« Le monde de la cuisine, à dix ans, je m’en fichais complètement. Je voulais un nouveau vélo et revoir Aurélia, mon bonheur ne cherchait pas plus loin que ça. Des étoiles, je ne connaissais que celle du berger, parce qu’il fallait rentrer les brebis quand elle apparaissait. Mais j’étais un gamin curieux et je me suis renseigné sur cette Eugénie qui avait intimidé notre Yvonne. J’ai vite compris. Ce n’étais pas une simple cuisinière, la Brazier, mais une divinité. Un morceau d’histoire de France, comme Vercingétorix ou le roquefort, la première bonne femme, avec Marie Bourgeois, à glaner trois étoiles au Guide, en 1933. Soit douze ans avant que les femmes n’obtiennent le droit de vote en France! Hitler s’emparait du pouvoir, Eugénie servait des grives au foie gras. Gamine, elle gardait les vaches et les cochons, un peu comme moi. Elle laissera même son fils Gaston en nourrice pour s’en aller conquérir Lyon. Bien des années plus tard, le maire Édouard Herriot déclarera : « Elle fait plus que moi pour la renommée de la ville. » Et devinez chez qui le jeune Paul Bocuse, démobilisé de la Seconde Guerre, accomplira ses années d’apprentissage ? On raconte que son volailler craignait d’être obligé de pédicurer ses jeunes poulardes avant de les lui vendre. Eugénie Brazier était une légende, la mère protectrice de tous les cuisiniers. »

Voir aussi

Chef – Gautier Battistella – Édition Grasset – Parution mars 2022

Le Blog Gastronomique de Joëlle Rochette - l'art de vivre en "Epicurie"

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