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Interview exclusive : Jean-François Quenin, propriétaire de Château de Pressac, Grand Cru Classé Saint-Emilion

Interview exclusive : Jean-François Quenin, propriétaire de Château de Pressac, Grand Cru Classé Saint-Emilion

Ce 1er décembre et pour la troisième édition, les Rencontres Jean-Marc Quarin se dérouleront à nouveau à l’Hôtel Steigenberger Wiltcher’s Brussels.

Une trentaine d’exposants de la région bordelaise viendront présenter leurs meilleurs crus et feront déguster leurs vins d’exception aux amateurs bruxellois. Une belle occasion de découvrir ces pépites dénichées par Jean-Marc Quarin bien avant que le marché international ne s’en empare !

Et aussi, une belle occasion de découvrir ici, les interviews exclusives du propriétaire du Château de Pressac, Grand Cru Classé Saint-Emilion et du directeur du Château Branaire-Ducru, 4e Grand Cru à Saint-Julien.

Rencontre avec Jean-François Quenin, propriétaire du Château de Pressac

JR : l’histoire du Château de Pressac que vous avez racheté en 1997 est aussi ancienne qu’impressionnante, pouvez-vous nous en dire deux mots ?

Jean-François Quenin : C’est effectivement une propriété historique où l’on cultive la vigne depuis plus de mille ans. C’est l’un des premiers cépages qui y a été planté avant le phylloxera et l’un des plus grands terroirs de St Emilion. La propriété a d’ailleurs donné son nom à un cépage au XVIIIe siècle, le Malbec. Celui-ci y a été importé de Cahors en 1730 par un nouveau propriétaire. Cela a donné le Noir de Pressac.

Le propriétaire de l’époque, Vassale de Montville a fait beaucoup de recherches au XVIIIe sur la viticulture en général et l’on a des preuves qu’il a personnellement fait évoluer les vins de bordeaux dès ce moment-là.

Cette propriété et ce château médiéval, où a eu lieu la guerre de 100 ans, ont été reconstruits à la fin du 19e et la vigne a totalement été refaite. De grands vins y ont alors été produits et servis avec de grands menus lors de galas organisés au Château de Pressac. On a retrouvé des traces datant de 1920 de ces dîners et de ces vins qui comptaient parmi les très grands vins de l’époque.

C’est ensuite une famille bordelaise qui a été propriétaire, durant deux générations, de la propriété que j’ai pu racheter en 1997. Il y avait alors beaucoup de choses à refaire. Ce à quoi je me suis d’emblée attelé allant même jusqu’à refaire presque tout le vignoble. Cela m’a pris vingt ans avec 36 hectares replantés sur 40 ! En repartant de zéro j’ai travaillé avec Claude Bourguignon qui est un grand spécialiste du renouvellement des sols. Ainsi, nous avons utilisé des matières végétales de qualité et n’avons pas fait de bêtises !

Nous avons également refait tous les chais avec 49 cuves de toutes les tailles. Il y a là aujourd’hui 2 chais d’élevage, un pour les années paires, un pour les impaires. Résultat, nous pouvons désormais isoler chaque parcelle de vigne dans le chai ce qui permet d’être très précis dans l’indication de la date de vendange, de vinification, etc. Mais il faut dire que le gros du travail ce n’est pas les cuves – les cuves c’est l’outil – car on est vraiment parti du vignoble. Et bien sûr cela s’est fait avec l’aide de gens qui sont des grands professionnels, des conseillers très pointus, le directeur technique fort expérimenté, … ! Aujourd’hui on poursuit ce travail parcellaire car les vignes commencent à vieillir, on a donc replanté. Le potentiel de la vigne progresse et le résultat est bon car la matière est de qualité. On connaît de mieux en mieux chaque parcelle de vigne – on travaille sur la microbiologie des sols – ce qui explique la qualité de la propriété.

Nous avons un potentiel que des gens comme Jean-Marc Quarin ont repéré. Ce qui est d’ailleurs son concept : repérer les propriétés qui montent et on en fait partie ce qui nous réjouit. Mais je tiens à préciser que mon mérite vient uniquement de la volonté que j’ai exprimée pour essayer de révéler le potentiel de la propriété.  

On fait partie des vins qui sortent du lot à St Emilion, notre problème c’est de le faire savoir !

Ceci dit, les belges ont aussi repéré depuis longtemps nos vins, ce sont de vrais connaisseurs. Ce qui explique que l’on est bien distribué en Belgique (et en Suisse). Nos vins sont distribués, notamment, chez Delhaize depuis 20 ans.  

JR : Qu’en est-il de votre présence à Bruxelles le 1er décembre ?

JF Quenin : Depuis que Jean-Marc Quarin a classé nos vins parmi les « outsiders », je fais tous les salons qu’il propose. On a investi beaucoup d’argent dans la production, l’outil est excellent, il nous faut le faire connaître et goûter, il faut se montrer, c’est un message que les Rencontres de Jean-Marc Quarin nous aident à faire passer. Et puis, chez nous, on est plutôt coureur de fond que sprinteur, on essaye d’avoir des partenariats à long terme et l’on préfère construire que faire des « coups » façon « one shot » ! Donc notre retour, cette année encore, à Bruxelles est totalement logique.

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JR : Quelles sont les grandes tendances actuelles ?

JF Quenin : Chez nous, c’est l’œnotourisme qui connaît une belle évolution et que nous continuons à entretenir et à faire évoluer. Nous accueillons 10.000 personnes par an grâce, notamment, à son authentique château historique qui en représente ainsi un atout majeur. La vue porte à 30 km, la vigne en terrasse s’étend sur 5 hectares autour de la colline ; c’est un vrai bijou !

J’espère ne pas vous paraître trop suffisant mais je suis toujours aussi passionné par ce domaine et, à 74 ans, je continue à être debout sur les pédales. Je suis très attaché à cette propriété. J’ai plaisir à dire et à penser que quand vous touchez la terre vous prenez racine ; c’est cela la passion ! Quand vous avez tellement travaillé, consacré tellement de temps à votre passion, vous n’avez pas envie de laisser tomber. Ce domaine est un vrai bijou absolu – je pèse mes mots – on a fait les fondations et on va continuer. Et puis, les gens nous le rendent bien et sont reconnaissants de notre travail comme des prix accessibles que nous pratiquons. La preuve de cette reconnaissance : l’an passé, 80 % de nos grands vins ont été vendus en une semaine !

Enfin, puisque nous sommes à Bruxelles prochainement, nous aurons plaisir à retrouver la clientèle belge. Les Belges sont sensibles à la fidélité, alors je pense qu’à nouveau ce sera un vrai plaisir partagé que celui de se retrouver une nouvelle fois chez vous !  

 

Château de Pressac – La carrière, 33330 Saint-Étienne-de-Lisse – France – www.chateaudepressac.com

Le Blog Gastronomique de Joëlle Rochette - l'art de vivre en "Epicurie"

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